Comment vivez-vous le fait que vos titres ont été écoutés par
trois générations de personnes?
Comme vous pouvez bien l’imaginer, c’est magnifique. Je n’aurais jamais
pensé que certains titres composés il y a quarante ans sonnent aussi
actuels aujourd’hui. J’ai l’impression que mes titres n’ont pas d’âge.
J’adore toujours autant les chanter sur scène. D’ailleurs, durant les
concerts, ça m’amuse et ça me fait toujours chaud au cœur de voir des
jeunes et des grands parents réunis. Et puis, le fait d’être écouté par
un large public signifie aussi que je suis très fortement connectés avec
énormément de monde autour de la planète.
Quels sont le secrets de ces morceaux pour ne pas vieillir?
Ils ont été écrits de manière très pure, sans fioritures. Et visiblement,
j’ai un talent certain pour les mélodies (rires). Le secret, c’est aussi
que je crois en ce que je compose. Parfois, les messages des textes ont
pris plus d’importance avec le temps. Certaines paroles futiles dans les
sixties prennent tout leur sens aujourd’hui. C’est aussi pour ça je
pense que les jeunes m’écoutent.
D’où puisez-vous l’énergie pour encore partir sur les routes après
tout ce que vous avez déjà vécu?
J’ai foi en ce que je fais. Bien sûr ce n’est pas facile de tout le
temps voyager, de ne jamais être à la maison et de vivre dans les
valises. Je suis fatigué de tout ça. Ce qui me fait continuer c’est le
public. C’est de voir des visages avec des sourires quand je suis sur
scène. Durant les deux heures où je me produis, j’essaie de faire
oublier aux gens leurs vies. L’existence n’a rien de facile aujourd’hui.
La musique peut être un magnifique remède pour soigner les âmes en peine.
En gros, le fait de rendre service aux gens me permet de continuer.
Sur scène, vous chantez aussi bien les tubes de Supertramp que vos
titres en solo. Pourquoi ce mélange?
Il n’y a aucune différence entre les titres produits avec le groupe et
ceux en solo. Ce sont tous mes bébés, même ceux estampillés Supertramp.
N’êtes-vous pas triste de voir les Rolling Stones fêter leurs 50
ans? Vous auriez pu faire pareil avec Supertramp...
Non, je ne ressens aucune tristesse ni jalousie ou amertume. J’ai vécu
une période merveilleuse avec Supertramp. Ce groupe a été ma vie et ma
passion pendant des années. Aujourd’hui, même si je chante encore des
morceaux de Supertramp, cette période est révolue. J’ai des musiciens
merveilleux et enthousiastes autour de moi. Je n’ai pas envie de
réinventer le passé.
Imaginez-vous un jour pouvoir reformer Supertramp?
Qui sait? Peut-être qu’un jour il y aura une bonne raison pour le faire.
Comme par exemple une collecte de fonds pour une œuvre ce charité. Ceci
pourrait me pousser à revenir. Il ne faut jamais dire «jamais». Il y a
quelques temps en arrière, j’avais proposé à Rick Davies (ndlr: autre
membre fondateur de Supertramp) de repartir ensemble. Il avait décliné.
Comment voyez-vous l’évolution de la musique depuis vos débuts?
Forcément, ça devait changer. Malheureusement, sur plusieurs aspects,
pas dans le bon sens. Je pense que la technologie atténue parfois la
passion ou le cœur que l’on peut mettre dans un morceau. Aujourd’hui, le
monde crée des stars de toutes pièces. Ce n’était pas le cas à l’époque
des Stones ou de The Who. J’ai l’impression que certains artistes sont
moins impliqués aujourd’hui.
Que pensez-vous du public suisse?
J’adore la Suisse et les gens. Le pays comme ses habitants sont
incroyables. Lors de concerts, le public est au départ très sérieux.
Mais sa manière de s’exprimer est sans pareille. C’est toujours très
chaleureux. Je me réjouis à chaque fois de venir m’y produire.
Allez-vous mettre les skis à Caprices?
J’aimerai bien mais je pense que mon management va refuser! Par contre,
je me mangerai bien une fondue!
Roger Hodgson
Dimanche 10 mars 2013, 21h30, scène The Moon. Infos:
www.caprices.ch
Pour l'article en ligne: 20min.ch