Fête de l’Humanité La voix de Supertramp, c’est lui. Roger Hodgson, chanteur et compositeur du légendaire groupe des années 1970, à qui l’on doit notamment Breakfast in America, sera samedi soir sur la grande scène pour un concert événement. Cela fait huit ans que vous n’avez pas fait de scène en France. Qu’avez-vous fait durant votre absence ? Roger Hodgson. En fait, j’ai décidé, après mon départ de Supertramp en 1993, d’apprendre à être un père de famille. C’était trop difficile de combiner la paternité avec la vie des concerts. J’ai quitté la musique et le groupe pour aller vivre dans le nord de la Californie avec mes enfants que j’ai élevés dans une petite ville, à la campagne. Ça a été dix-sept ans sans faire de tournée, même si j’ai continué à jouer personnellement de la musique. J’ai mis sur pied un studio d’enregistrement chez moi. J’ai sorti deux albums solo et je me suis concentré sur mon foyer et ma famille. Qu’est-ce qui vous pousse à revenir aujourd’hui ? Roger Hodgson. Je suis mes sentiments, ce que me dicte mon coeur. Ce n’est pas toujours facile. Cela a été dur pour moi de quitter Supertramp. Mais je sentais que c’était une nécessité. Je ne regrette rien. En me retirant de la musique, d’une certaine façon, cela m’a permis de me nourrir spirituellement, de me concentrer sur mon développement personnel. Aujourd’hui, je suis heureux et je peux offrir beaucoup plus encore. Mon coeur, comme mes fans, me dit qu’il est temps pour moi de donner à nouveau dans le domaine de la musique. Je suis très heureux de constater que les chansons que j’ai écrites ont résisté à l’épreuve du temps, ainsi que la voix ! (rires). Il y a de la gaîté et une certaine insouciance dans les compositions de Supertramp. Quelle était la philosophie du groupe au moment de sa création en 1969 ? Roger Hodgson. Dès le début, on a voulu suivre notre propre inspiration, sans copier aucun groupe, ni suivre aucune mode. Il y avait de la gaîté et de l’insouciance sans pour autant que les textes ne manquent de profondeur. Ils viennent du fond du coeur. La flamme qui m’habite brûle toujours et cette partie de Supertramp, qui est peut-être la partie majeure, est toujours présente. En ce qui concerne la France, c’est intéressant parce que je peux constater que mes chansons passent à la radio quotidiennement. Le public tente d’associer ces chansons-là avec Supertramp alors que certaines d’entre elles ont été composées par moi, avant que le groupe n’existe. Le défi que j’ai à affronter aujourd’hui est de réassocier dans l’esprit du public les chansons à mon nom. Justement, comment vivez-vous le fait que votre nom ne soit pas automatiquement associé à celui de Supertramp ? Roger Hodgson. Il n’y a pas de contradiction en ce qui me concerne. Supertramp, c’est mon enfant, mon bébé, je l’aime. Maintenant, évidemment, après une vingtaine d’années, il faut que j’éduque un peu le public pour mettre les choses à jour. Il y avait deux personnes qui écrivaient les chansons du groupe, Rick Davies et moi. C’est un peu la même chose que Lennon et McCartney qui écrivaient chacun leurs chansons de leur côté, mais elles étaient toujours perçues comme étant d’eux. Il y a effectivement une certaine confusion, puisque Rick Davies détient le nom de Supertramp et qu’il a chanté, en France, certaines de mes chansons. Quelle a été la raison fondamentale de votre séparation ? Roger Hodgson. Pour moi, la raison principale était que je devais apprendre à être un père. À cette époque-là, l’évolution du groupe était difficile. Différentes forces tiraient l’orchestre dans des directions opposées et rendaient difficile le maintien de l’unité du groupe. Beaucoup de gens ont pensé que le problème venait des relations personnelles entre Rick et moi. Mais, ce n’est pas du tout le cas. Êtes-vous restés en contact ? Roger Hodgson. Pendant des années, nous n’avons pas gardé de contact, mais aujourd’hui, nous échangeons. Pourriez-vous imaginer rejouer ensemble ? Roger Hodgson. C’est possible. Pour moi, ce serait une belle façon de conclure cette histoire, de panser les plaies et d’apporter une certaine joie à des millions de personnes. Vos chansons ont quelque chose d’intemporel. Avez-vous un secret de fabrication ? Roger Hodgson. « Une bonne chanson est une bonne chanson » (en français dans le texte). Il y faut une bonne mélodie, un lyric qui touche le coeur, l’âme et l’esprit et qui émeuve ceux qui l’écoutent. Les chansons que j’ai écrites exprimaient spontanément mes sentiments. Ce n’était pas artificiel. Elles viennent de mon coeur, de ma solitude, de ma soif de Dieu, de mes passions, du plus profond de moi-même. Quand j’ai écrit, dans Logical Song, « Dis-moi qui je suis ». C’est une question bien simple que beaucoup de gens se posent, mais qui va chercher très loin. Aujourd’hui, il y a encore plus de confusion que lorsque j’ai écrit cette chanson, sur ce qui se passe. Je la trouve d’autant plus à propos. Breakfast in America, est une chanson charmante, jolie, qui fait naître immédiatement un sourire. Quant à Dreamer, les enfants l’adorent, c’est incroyable. Et Give a Little Bit est encore plus importante aujourd’hui, car l’époque dans laquelle on vit nous rend encore plus fragiles. Nous ne pouvons pas être indifférents à ce qui se passe dans le monde. Nous sommes confrontés à tellement de problèmes. En ce qui me concerne, le message de Give a Little Bit est au fond très simple : « Donne un petit quelque chose et montre que tu n’es pas insensible. » C’est une chanson qui a été reprise par beaucoup d’organisations humanitaires, au moment du tsunami, de l’ouragan Katrina…Dans ce contexte, comment concevez-vous votre rôle d’artiste ? Roger Hodgson. Selon moi, un artiste, dans un monde idéal, c’est la voix du peuple. Il me semble que les politiciens ne représentent plus le peuple, d’une façon générale. Dans un concert, ce que j’essaie de générer, plus encore que la musique, c’est l’amour. Dans ce monde, nous avons tous besoin d’amour. Si les gens vivent selon leur coeur, ils ne nuiront pas aux autres. Êtes-vous nostalgique des seventies ? Roger Hodgson. Je ne suis pas nostalgique, je ne regarde pas en arrière. Nous vivons une période stimulante. Il y a tant de sujets sur lesquels on pourrait écrire que je suis surpris qu’il n’y ait pas aujourd’hui davantage de musiques fortes et bonnes. Il y a un manque de créativité, selon vous ? Roger Hodgson. Il y a une certaine créativité, mais il faut vraiment aller la chercher sur Internet… L’idéal aujourd’hui, pour vous, ce serait quoi ? Roger Hodgson. Je n’ai pas de grandes ambitions ni de souhaits d’une grande carrière. Je vis au présent, et ce que j’aime c’est donner mon amour, mon affection dans ma musique. Je suis un peu triste de ne pas avoir joué en France depuis huit ans, car j’adore ce pays où j’ai même pensé un jour m’installer. J’aime beaucoup l’ambiance, le sens de la beauté, de l’esthétique. Je me sens plus à l’aise ici que dans mon pays natal. Peut-être ai-je été Français dans une vie antérieure! Y aura-t-il une formule particulière pour la Fête ? Roger Hodgson. Sachant que l’endroit est vraiment très grand, je viendrais accompagné d’un band spécialement monté pour ce concert-là. Je serai entouré d’un saxophoniste, d’un bassiste, d’ un batteur, des musiciens américains pour un très gros son. Samedi 13 septembre à 22 heures. À voir DVD live Take the Long Way Home, concert de Roger Hodgson enregistré à Montréal, réalisé en 2006 par Gérard Pullicino. Entretien réalisé par Victor Hache Traduction Hervé Fuyet Roger Hodgson "I am not nostalgic. I am not looking backwards" The voice of Supertramp is him. Roger Hodgson, singer and composer of the legendary group of the 1970s, to whom we owe including Breakfast in America, will be Saturday evening on the main stage for a concert event. It is eight years that you have not made a scene in France. What did you do during your absence? Roger Hodgson. In fact, I have decided, after my departure from Supertramp in 1993, learning to be a father. It was too difficult to combine parenthood with life concerts. I left music and the group to go live in northern California with my children that I raised in a small town in the countryside. It was seventeen years without making a tour, although I continued to play music personally. I set up a recording studio in my house. I have released two solo albums, I concentrated on my home and my family. What pushes you to come back today? Roger Hodgson. I am my feelings, what drives me my heart. This is not always easy. It's been tough for me to leave Supertramp. But I felt it was a necessity. In me withdrawing from the music, in a sense, it allowed me to feed me spiritually, I focus on my personal development. Today, I am happy and I can offer much more. My heart, like my fans, says it is time for me to give again in the field of music. I am very pleased that I have written songs that have withstood the test of time, and that voice! (laughs). There is joy and a certain insouciance in the compositions of Supertramp. What was the philosophy of the group at its inception in 1969? Roger Hodgson. From the beginning, we wanted to follow our own inspiration, without copying any group, nor any follow fashion. There was the joy and recklessness but that the documents do lack depth. They come from the heart The flame still burns and this part of Supertramp, which is perhaps the most part, is always present. Regarding France, it's interesting because I can see that my songs go on the radio every day. The public is trying to associate these songs there with Supertramp while some of them were composed by me, before the group exists. The challenge I face today is reassociating in the public mind the songs in my name. Precisely, how do you feel that your name is not automatically linked to that of Supertramp? Roger Hodgson. There is no contradiction in my case. Supertramp is my baby, my baby, I love it. Now, of course, after two decades, we need a little j'éduque the public to bring things up to date. There were two people who wrote the songs in the group, Rick Davies and me. It's just the same as Lennon and McCartney who wrote their own songs on their side, but they were always perceived as one. There is some confusion, since Rick Davies holds the name of Supertramp and has sung in France, some of my songs. What was the fundamental reason for your separation? Roger Hodgson. For me, the main reason was that I had to learn to be a father. At that time, the evolution of the group was difficult. Different forces fired the orchestra in opposite directions and made it difficult to maintain the unity of the group. Many people have thought that the problem had a personal relationship between Rick and me. But this is not the case at all. Are you still in contact? Roger Hodgson. For years, we have not maintained contact, but today we exchange. Could you imagine playing together? Roger Hodgson. It is possible. For me, this would be a great way to conclude this story, heal the wounds and bring some joy to millions of people. Your songs have something timeless. Do you have a secret? Roger Hodgson. "A good song is a good song (in french in the text). There should be a good melody, a lyric that touches the heart, soul and spirit and émeuve those who listen. The songs I've written spontaneously express my feelings. It was not artificial. They come from my heart, my loneliness, my thirst for God, my passions, from the depths of myself. When I wrote in Logical Song, "tell me who I am," It is a very simple question that many people ask, but will look far. Today, there are still more confusion than when I wrote this song about what happens. I find it even more appropriate. Breakfast in America, is a charming song, pretty, which immediately raised a smile. As for Dreamer, children love it, it's unbelievable. And Give a Little Bit is even more important today because the times in which we live makes us even more fragile. We can not be indifferent to what happens in the world. We are facing so many problems. As far as I'm concerned, the message of Give a Little Bit is basically very simple: "Give a little something and shows that you are not insensitive." It's a song that was echoed by many organizations Humanitarian, at the time of the tsunami, Hurricane Katrina… In this context, how would you describe your role as an artist? Roger Hodgson. In my view, an artist, in an ideal world, this is the voice of the people. It seems to me that politicians no longer represent the people, in general. In a concert, what I try to generate even more than music is love. In this world, we all need love. If people live according to their hearts, they will not affect the other. Are you nostalgic for the seventies? Roger Hodgson. I am not nostalgic, I am not looking backwards. We live in an exciting period. There are so many subjects on which one could write that I am surprised that there is not today more strong and good music. There is a lack of creativity, do you think? Roger Hodgson. There is some creativity, but you really go searching on the Internet… The ideal today, for you, this is what? Roger Hodgson. I have no great ambitions or wishes of a great career. I live with this, and what I like is to give my love, my affection in my music. I am a little sad not having played in France for eight years, because I love this country where I even thought one day m'installer. I love the atmosphere, a sense of beauty, aesthetics. I feel more comfortable here than in my native country. Maybe I was French in a previous life! Y aura-t-il a formula for the holiday? Roger Hodgson. Knowing that the place is really great, I come accompanied by a band specially fitted for this concert there. I will be surrounded by a saxophonist, a bass player, a drummer, American musicians for a very big sound. Saturday, September 13 to 22 hours. Take the Long Way Home, a concert by Roger Hodgson registered in Montreal, created in 2006 by Gerard Pullicino. Interview conducted by Victor Hache Translation Hervé Fuyet |